Lire Aussi

La seule rameuse du Qatar veut s’imposer aux JO

A l’université, Tala Abujbara passait la majeure partie de son temps sur le terrain de basket-ball, mais un entraîneur d’aviron qui avait repéré le potentiel de l’étudiante « grande et athlétique » lui a proposé de troquer le ballon pour des rames.
tala abujbara
Qatari rower and Olympic hopeful Tala Abujbara, 28, sculls in the capital Doha on June 4, 2021. - Qatari rower and Olympic hopeful Tala Abujbara had flirted with basketball as her sport of choice. But she settled on a life on water after a college rowing coach spotted the "tall and athletic" student's potential. She is building up momentum from a second place finish at the women's single sculls final at the World Championships in Linz, Austria in 2019 as she heads to Tokyo. (Photo by KARIM JAAFAR / AFP)

A 28 ans, la jeune femme se rendra aux Jeux olympiques de Tokyo avec l’intention de montrer qu’elle a sa place sur la ligne de départ, comme elle l’avait fait en participant aux Championnats du monde 2019 de Linz, en Autriche.

« Se qualifier était une étape énorme. Et maintenant, il faut juste y aller », confie à l’AFP l’athlète, alors qu’elle se prépare à un entraînement sur un canal artificiel de la capitale Doha, dans la chaleur suffocante de l’été.

Tala Abujbara, qui a étudié aux Etats-Unis, a commencé à se faire connaître en 2018 en remportant l’or au deuxième championnat arabe d’aviron organisé par une autre monarchie du Golfe, le Koweït.

Photos Credits: Karim Jaafar AFP

« Je pense que lorsque j’ai commencé à ramer, je ne savais même pas ce qu’était l’aviron », se souvient-elle, derrière ses lunettes de soleil bleues.

« Cette idée de me qualifier pour les Jeux a fait son chemin et je travaille dans ce sens depuis quelques années maintenant », raconte la jeune femme en t-shirt gris à manches courtes et leggings noirs.

De retour au pays, Tala Abujbara a dû complètement réapprendre à pratiquer son sport. Habituée à l’aviron de pointe et à ramer dans une embarcation de huit, elle a été forcée de se mettre au skiff, une embarcation pour une seule rameuse, au Qatar.

« Après avoir obtenu mon diplôme, je suis rentrée ici et il n’y avait personne d’autre, alors je n’avais pas d’autre choix que de ramer seule », s’amuse-t-elle.

« Pour être honnête, j’ai encore du mal à m’y faire. Je pense que j’ai toujours été une athlète de sport d’équipe dans l’âme. C’est donc probablement le plus grand défi », confie Tala Abujbara, disant toujours imaginer ses coéquipiers à ses côtés.

Dans ce pays musulman conservateur du Golfe, Tala Abujbara, dont la sœur fait partie de l’équipe nationale d’escrime, est toujours restée « discrète » sur ses ambitions.

« J’ai ramé très, très discrètement, la plupart du temps, en venant ici faire mon truc, sans faire beaucoup de bruit. Peu de gens étaient au courant », explique-t-elle.

Au Qatar, elle a travaillé à la célèbre Académie Aspire, un immense complexe sportif destiné à former des champions dans diverses disciplines. « C’était génial, car mes collègues étaient des scientifiques du sport et des entraîneurs », se souvient-elle.

L’un d’entre eux, dont la femme était entraîneur d’aviron, s’est rendu compte qu’il y avait de bonnes chances qu’une personne de la région puisse se qualifier pour les Jeux.

« Ils ont donc mis cette idée dans ma tête il y a longtemps », dit Tala Abujbara, dont les projets ont été perturbés par la pandémie de coronavirus, comme ceux d’autres athlètes dans le monde.

« Le plan était d’obtenir ma maîtrise et d’essayer de me qualifier pour les Jeux, d’y aller si tout allait bien, avant de commencer mon travail (de consultante) », dit-elle.

Avec le report des Jeux d’un an, de 2020 à 2021, à cause de la pandémie, les plans de Tala Abujbara ont changé et elle a dû concilier son activité professionnelle avec sa passion pour l’aviron. « Cela a donc été un défi », raconte la rameuse.

L’athlète se dit « heureuse » d’avoir réussi ce pari, grâce à des semaines de 80 heures mêlant travail et aviron pour obtenir une place à Tokyo. Mais Tala Abujbara veut rester modeste, se disant « loin d’être un espoir de médaille ».

L’important, dit-elle, est de « reconnaître qu’il y a des femmes incroyables qui font des choses extraordinaires dans ce sport. Je veux faire de mon mieux pour montrer que j’ai ma place là-bas », insiste-t-elle.

Twitter
Email
Facebook
LinkedIn
Pinterest