Elle est la seule femme libanaise à pratiquer un sport de haut niveau traditionnellement considéré comme réservé aux hommes. « Dès l’âge de 14 ans, après avoir souvent accompagné mon père dans des compétitions, j’ai voulu me consacrer au tir de haut niveau. Les gens trouvaient ce choix étrange. C’était un sport d’hommes, et l’absence de femmes dans cette discipline consolidait leur impression », déclare Ray Bassil.
« Ce n’est que bien plus tard, lorsque je suis devenue une sportive connue, et que j’ai réussi à m’imposer et gagner de nombreuses médailles, notamment lors de compétitions mondiales, que cette mentalité a petit à petit changé au Liban », ajoute la championne.
L’éducation de Ray Bassel, au sein d’une famille qui ne fait pas de distinction de genre dans le sport ni dans aucun autre domaine, l’a beaucoup aidée à se faire une place dans le monde sportif. « Je n’ai jamais été intimidée en tant que femme dans une foule d’hommes, avoue-t-elle.
La jeune athlète a travaillé dur et pavé la voie à de nombreuses autres sportives ; la discipline commence à être reconnue au Liban. « Nous avons de nombreux talents, je l’ai découvert l’année dernière lors du lancement de mon académie de tir, la « Argus Shooting Academy». Mais le chemin de la « professionnalisation » reste encore semé d’obstacles en tout genre et il faut avouer que la pandémie n’a certainement pas aidé cette année », précise Ray qui avoue s’être entrainée dans le parking de son immeuble ces derniers mois. Le « lockdown » imposé par les autorités n’ayant accordé aucune exception aux sportifs de haut niveau au Liban.
« Pourtant je me suis battue pour que nous puissions nous entrainer dans des conditions optimales d’autant plus que nous ne sommes pas nombreux. Malheureusement le sport n’est pas perçu comme étant une priorité au Liban », ajoute-elle déçue.
Mais grâce à ses sponsors, la championne a trouvé un plan B. « Je viens d’avoir la possibilité de quitter le pays pour m’entrainer dans un camp en Italie. Ma première compétition de 2021 était le 1er championnat du monde au Caire qui a eu lieu du 25 février au 3 mars, » ajoute-t-elle. « Et ce n’est certainement pas fini, déclare la championne. Je devrais de nouveau revenir en Italie pour un autre mois d’entrainement pour me préparer pour la 2ème phase du championnat du monde avant d’attaquer mon but ultime, les Jeux Olympiques de Tokyo», explique Ray.
Soutenir aussi les femmes, encore et toujours
En tant et athlète qui a brisé les barrières, Ray Bassil est devenue la première femme arabe à participer à deux éditions des Jeux Olympiques et à remporter des médailles en Coupe du Monde. Elle est très fière de son parcours.
Mais ce sport n’est pas sa seule arme. La sportive milite depuis de nombreuses années pour la cause des femmes. En 2017, la jeune femme a été nommée ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour la jeunesse et l’égalité des sexes au Liban. « Je suis en train de soutenir les femmes libanaises et arabes à travers de nombreux projets. Et puis, le sport de par les valeurs qu’il véhicule est un message. Là, à titre d’exemple, la décision a été prise d’imposer l’égalité des sexes dans la représentation des athlètes aux Jeux Olympiques. Ce seront les 1ers Jeux Olympiques où il y aura le même nombre de participantes et de participants ».
Ses victoires, Ray les doit à son caractère de battante, sa détermination et son ambition. « Je consacre entre sept et huit heures par jour à l’entraînement ». Mais elle a aussi un secret. La championne avoue garder toujours dans sa poche le drapeau libanais. « Un porte-bonheur qui a participé avec moi à toutes les compétitions ». « J’espère que 2021 sera celle où je reviendrais au pays avec la médaille olympique. Je ne vais jamais arrêter de me battre ni de rêver. Et le Liban mérite certainement une médaille» conclut la championne.