Vous êtes la première athlète féminine à représenter deux pays différents lors de deux éditions des Jeux Olympiques. De quelle édition vous êtes le plus fière ?
Je suis fière de ma participation aux deux éditions. Je suis de nationalité jordanienne et d’origine palestinienne. Ce fut un grand honneur pour moi de représenter mes deux pays aux Jeux Olympiques. De plus, ma passion pour le sport m’a donné l’opportunité et la motivation de poursuivre mon parcours dans ce domaine, à travers mon travail au sein du Comité olympique jordanien.
Comment votre carrière a-t-elle basculé de championne de natation à des postes à responsabilité dans le football ?
Au début, je poursuivais des études médicales et j’ai travaillé dans ce domaine pendant un certain temps. Mais j’ai toujours été passionnée par le sport. J’ai donc fait un master en management des organisations sportives. C’est ainsi que j’ai travaillé sur le dossier de candidature de la Jordanie, pour accueillir la Coupe du Monde féminine U-17 2016. À partir de là, mon parcours avec le football a commencé. J’ai ensuite travaillé en tant que membre du bureau exécutif de l’Union des associations arabes de football, et aujourd’hui je suis également la secrétaire générale de la Fédération jordanienne de football.
Secrétaire générale de la Fédération jordanienne de football, membre de l’Union des associations arabes de football et, plus récemment, cheffe du comité d’organisation de la Coupe Arabe des Nations (Dames) en Égypte. Comment faites-vous pour remplir tous ces rôles ?
Je remercie Son Altesse Royale le Prince Ali Bin Al Hussein, Président de la Fédération jordanienne, car c’est lui qui m’a donné l’opportunité et la confiance d’occuper ce poste. En effet, on ne passe pas une journée sans rien faire dans le football, le travail y est toujours continu. Ajoutez à cela la responsabilité d’être la première femme à occuper ce poste en Jordanie, aux niveaux arabe et régional. Il y a donc toujours de grands défis, mais j’ai toujours confiance en mes capacités.
La première édition de la Coupe Arabe des Nations (Dames) a eu lieu en 2006 en Egypte. Puis la deuxième édition a eu lieu en 2015 au Qatar. La troisième est en cours en Egypte à nouveau. Pourquoi tant d’intervalles entre chaque édition ?
La raison est liée aux Fédérations régionales, car dans le passé, le football féminin n’en était qu’à ses débuts. Il n’y avait pas d’équipes féminines de football dans toutes les fédérations. Les changements successifs d’administration au sein de l’Union des associations arabes de football ont également impacté la tenue régulière de ce tournoi. Puis est arrivée la pandémie de Corona au cours de la dernière année et demi. C’était un grand défi non seulement pour le football féminin arabe, mais pour le football tout court et dans le monde entier. Mais au final, nous sommes très contents du retour de cette Coupe, même si le nombre de pays participants est peu nombreux. Mais nous espérons que cette édition en Egypte sera un début pour le retour des championnats féminins à des différentes catégories, aux niveaux régional et arabe.
Pourquoi la participation à cette coupe a-t-elle été limitée à sept équipes seulement ? Et pourquoi choisir l’Egypte pour l’organiser ?
La Fédération égyptienne de football s’est proposée pour accueillir un grand nombre de tournois arabes, y compris le Championnat arabe des jeunes, le Championnat arabe des Nations de futsal et enfin la Coupe Arabe des Nations (Dames). Nous remercions l’Egypte pour cela, surtout dans le contexte actuel où la plupart des pays et fédérations arabes souffrent des conditions de la pandémie de Corona. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser le tournoi sous n’importe quelles conditions, même avec seulement sept équipes. Nous espérons, si Dieu le veut, que la compétition sera forte entre les équipes participantes d’Afrique du Nord et d’Asie de l’Ouest. Au final, c’est une première étape en espérant que le nombre augmentera à l’avenir.
Les responsables des équipes participantes ont évoqué l’importance d’organiser des tournois féminins dans la région de manière permanente et régulière. Comment vous percevez cette requête ?
C’est certainement une chose essentielle et nécessaire, notamment l’organisation de tournois réguliers dans les catégories des jeunes. Le rôle de l’Union des associations arabes de football est de chercher à étendre la pratique féminine de football dans la région. Aujourd’hui, l’organisation de tournois et d’événements de football féminin est en tête de nos priorités. Nous voulons désormais organiser régulièrement la Coupe Arabe des Nations (Dames) tous les deux ans.
En marge de la Coupe arabe féminine, des ateliers sont organisés à destination des cadres administratifs féminins. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Toutes les fédérations arabes de football ont été invitées à désigner des participantes à ces ateliers, dont le but est de développer les capacités des cadres administratifs féminins. Personnellement, je considère les ateliers qui se sont tenus en marge de la Coupe du monde féminine en Jordanie auparavant, comme un bon exemple à suivre. Grâce à eux, nous avons pu former un groupe d’administratrices qui ont acquis de l’expérience et ont fait leurs preuves.
La preuve en est l’engagement d’un bon nombre d’entre elles au sein de la Fédération Internationale de Football (FIFA). Notamment, Rahaf Owais, Directrice marketing pour la Coupe du Monde de 2022 au Qatar. Elle est jordanienne, et c’est une grande fierté pour la Jordanie de l’avoir à ce poste.
Nous annoncerons également, dans les prochains jours, le plan de l’Union des associations arabes de football, après la formation du nouveau conseil dirigé par Son Altesse le Prince Abdulaziz bin Turki, pour développer le football féminin arabe.
En conclusion, que dites-vous sur la présence au Caire, de la première femme entraîneur d’une équipe arabe de football féminin. Radia Fertoul, est la sélectionneuse de l’équipe nationale algérienne qui participe à la Coupe Arabe des Nations (Dames) ?
Évidemment, c’est une fierté pour nous tous et nous aimerions voir plus d’entraîneurs femmes dans le monde arabe. D’ailleurs à ce sujet, la FIFA exige aujourd’hui que qu’au moins l’entraîneur adjoint d’une équipe féminine soit une femme.