C’est à 16 ans que Loubna a commencé à pratiquer le basket-ball. « Très tard » selon elle. Sa professeure de sport au lycée l’avait motivée à poursuivre le basket dans un club. Sa grande taille est un atout et sa performance au sein de l’équipe de l’école était plus que convaincante.
Au sein de la famille, le père de Loubna n’était pas convaincu par son choix d’une carrière sportive. Mais la détermination de la fille a fini par convaincre le papa. Il a changé d’avis après l’avoir vue sur le terrain lors de son premier match avec l’équipe de l’Océan MSR, un club de la capitale marocaine. L’enthousiasme du public et du coach ont déteint sur le père de famille. De plus, le club était dans le quartier de Loubna, ce qui a rassuré son père.
Carrière sportive et parcours académique
Loubna continuait ses études en même temps et ce jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Elle a ensuite intégré l’Institut Royal de Formation des Cadres en spécialité basketball pendant 4 ans. Elle a aussi joué avec plusieurs équipes et a remporté plusieurs titres et championnats du Maroc et Coupes du Trône.
Son diplôme en poche, Loubna rejoint le ministère de la Jeunesse et Sports où elle a pu « exprimer sa passion liée à l’épanouissement de l’être humain par le sport ». « J’ai commencé à zéro. J’ai été monitrice et éducatrice de basket dans des maisons de jeunes et des structures de proximité. Puis petit à petit j’ai grimpé les échelons ».
S’en est suivi un certificat en Administration et technologie du sport, auprès de l’International Academy of Sport Science and Technologie de Lausanne. Des études à distance qui lui ont permis de décrocher un certificat reconnu par le CIO (Comité international olympique), spécialisé dans l’organisation et la logistique des évènements sportifs.
Lorsqu’elle a eu 43 ans, Loubna a été mutée à la Direction des sports dans la Division Sport de haut niveau au ministère de la Jeunesse et Sports marocain. En parallèle, elle a eu l’opportunité de passer un Master de sport et de développement des territoires à la faculté de sport de Nancy, en France.
« Ce n’était pas simple de reprendre les études à 43 ans et surtout dans un autre pays. J’avais déjà mes deux filles qui étaient encore jeunes et j’étais très fusionnelle avec elles. Mais on a réussi à faire fonctionner les choses. J’ai eu beaucoup de soutien de ma famille. Je rentrais dès que je le pouvais donc même s’il y avait une déchirure dans un sens il y a eu plus de côtés positifs que négatifs au long terme ».
Une fois de retour au Maroc, Loubna travaille comme cadre au service des Fédérations sportives au ministère de la Jeunesse et Sports. Elle accompagne alors les délégations marocaines lors de grands événements sportifs à l’étranger. « J’ai joué sur le terrain, j’ai été entraîneur mais à un moment cela ne m’intéressait plus. Je voulais m’occuper du « back office », être à l’organisation, dans les coulisses pour que tout se passe bien sûr le terrain justement ».
La promotion du sport auprès des jeunes filles
Le prochain projet qui lui tient à cœur est une campagne de sensibilisation sous forme de caravane, pour inciter les jeunes filles à pratiquer du sport au sein même de leur établissement scolaire. La caravane prévue cette fin d’année, est un programme de la FIBA qui porte le nom de « Her world, her rules » (Son monde, ses règles).
« C’est une campagne one shot ce qui est un peu dommage puisqu’on ne peut pas suivre et accompagner à long terme. Cela rend la sensibilisation plus compliquée mais nous faisons de notre mieux et d’autres associations font aussi beaucoup d’initiatives ».
« Il est important que les filles fassent du sport. C’est un réel outil d’émancipation et d’épanouissement. Pour cela, elles doivent être soutenues par leurs familles mais aussi par des infrastructures et administrations. Le système scolaire marocain ne favorise pas le développement d’une activité sportive que ce soit pour les filles ou les garçons d’ailleurs et il faut travailler afin d’améliorer cela ».
Pour Loubna, la promotion du sport auprès des jeunes filles passerait aussi par la féminisation des fédérations sportives et allouer des budgets spécifiques pour la promotion du sport féminin. « Les fédérations touchent des budgets globaux (pour les garçons et les filles). Il faudrait avoir un plan de féminisation du sport au sein même des fédérations pour que le budget alloué au sport féminin soit respecté et peut-être que grâce à cela, le sport féminin pourra enfin évoluer », conclut Loubna Belabess.