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Avec force et détermination, l’activiste marocaine Samira Bakhti a bravé tous les obstacles et difficultés qui se dressaient devant elle. Le handicap physique n’entrave pas la réalisation des rêves. Samira en est l’exemple vivant. De sur son fauteuil roulant, elle a pu prouver que même les personnes à mobilité réduite peuvent pratiquer le sport, notamment le basketball. Retour sur le parcours exceptionnel de cette athlète marocaine.
المغرب: سميرة بختي تحدت الإعاقة وحاربت من أجل أصحاب الهمم‎‎

En plus des complications que pose son handicap, la Marocaine Samira Bakhti a dû défier les préjugés et les pressions sociales. Les tentatives visant à la dissuader d’atteindre ses objectifs sportifs étaient bien vaines. En 2015, elle fonde la première équipe féminine de basket en chaise roulante au Maroc, et cherche à promouvoir ce sport auprès des jeunes filles qui se trouvent dans la même situation qu’elle.

Cinq ans durant, Samira Bakhti a dirigé le club parasportif marocain de Wadadia, une initiative qui lui a permis de mener son combat en faveur des femmes en situation de handicap. L’activiste marocaine souligne toutefois que la création d’une équipe féminine de basketball sur chaise roulante n’a pas été facile. L’idée n’a pas été facilement acceptée par le public. Interrogée par Taja Sport, elle raconte : « Il a fallu lutter contre les stéréotypes relatifs au handicap et au sport féminin. Avec le temps, nous avons réussi à prouver que les femmes sont fortes et capables de disputer des matchs et des ligues internationales, malgré l’infirmité ».

Plus de 7 ans après sa création, l’équipe compte dans ses rangs 8 basketteuses en fauteuil roulant, qui ont signé des participations honorables dans plusieurs compétitions, notamment au Championnat d’Afrique de 2015, qui s’est tenu en Algérie. La militante, très active dans le domaine sportif, travaille aujourd’hui à attirer davantage de filles et à augmenter le nombre de clubs féminins de basket en chaise roulante dans le royaume chérifien.

سميرة بختي
Samira Bakhti

Par ailleurs, Bakhti précise que le club parasportif regroupe actuellement plus de 100 filles qui pratiquent différentes disciplines sportives : natation, athlétisme, pétanque, volley-ball assis, tennis, dynamophilie, tennis de table et football pour amputés. En dépit du manque de moyens, la Wadadia ambitionne également de mettre sur pied une équipe de hockey féminine et une autre masculine.

De nombreux défis à relever

On ne compte plus le nombre d’obstacles auxquels font face les athlètes féminines à mobilité réduite. D’après Samira, l’impossibilité d’accéder aux terrains de jeux reste l’un des plus contraignant. Cela s’explique notamment par le fait que les gens ne sont pas encore habitués à voir des sportives en situation de handicap, associant toujours le handicap à l’incapacité physique. Pourtant, le Maroc a obtenu de bons résultats aux Jeux paralympiques d’Athènes en 2004 et a été l’auteur de plusieurs titres et médailles dans d’autres manifestations sportives.

C’est la raison pour laquelle Samira Bakhti a refusé de baisser les bras. Elle a multiplié les protestations, les pétitions et les communiqués en vue obtenir le droit d’accéder aux stades et de faire en sorte qu’ils soient aménagés pour accueillir dans les meilleurs conditions possibles les joueuses à mobilité réduite. Ainsi, le club a réussi à restructurer le court de tennis municipal de Casablanca, afin de faciliter l’accès aux athlètes à besoins spécifiques. Samira révèle, dans ce contexte, que ces dernières années, « on nous empêche de jouer sur ce même court, dans le but de nous pousser à nous rendre au Hope Stadium d’Al-Bayda, qui accueille plus de 100 athlètes féminins et masculins ».

Un parcours sportif et militant impressionnant 

La Marocaine Samira Bakhti est considérée comme un symbole de persévérance et de combativité. Elle n’avait pas encore soufflé sa troisième bougie, lorsqu’elle fut atteinte de poliomyélite, ce qui a causé la paralysie de ses organes inférieurs. Sa vie sur un fauteuil roulant a motivé son engagement contre l’exclusion des personnes à mobilité réduite au Maroc.

سميرة بختي

« Surmonter la marginalisation que nous subissons requiert beaucoup de patience et de détermination. Je me suis battue pour ne pas être un fardeau pour la société, pour avoir mes droits et réaliser mes objectifs », insiste-t-elle. Avant que sa vie ne prenne un nouveau tournant à Casablanca, avec le Club Sportif de la Wadadia Marocaine pour les personnes à mobilité réduite, Samira s’est consacrée pendant des années pour ce même club, en tant que bénévole, pour y inscrire les participants.

L’élection de Samira à la présidence de la Wadadia pendant cinq ans et l’expérience qu’elle a acquise ont contribué à la création du Forum marocain pour la défense des droits des femmes en situation de handicap.

Grâce à la ténacité et à la détermination de Bakhti, aujourd’hui vice-présidente du Wadadia, les équipes sportives du club pour personnes souffrant de handicap ont réussi à remporter une série de championnats nationaux et de coupes du trône, notamment en tennis, basket sur chaises et athlétisme.

Samira Bakhti poursuit son engagement, avec toujours le même enthousiasme, en faveur des athlètes féminines et des sportives en situation de handicap au Maroc. « Le sport reste un droit pour tous », conclut la Marocaine.

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