Tout se passait bien parce que Ghizlane savait très bien organiser son temps et était très douée pour le répartir entre le terrain de football et le banc de l’école.
Les entrainements démarraient toujours à 18H, c’est-à-dire après la fin des cours, ainsi que le samedi et dimanche. Ce calendrier n’a pas interféré avec les horaires de sa scolarité. Cependant, cela n’a pas duré longtemps.
Lorsque Ghizlane a rejoint l’équipe nationale pour la première fois en 2007, elle a dû rester dans les camps d’entraînement pendant une période allant de deux à trois semaines. Il n’était pas possible pour elle et ses camarades de classe de rejoindre les cours pour s’instruire, car les camps sont fermés et nécessitent une forte concentration pour les matchs et les compétitions à venir. « À ce moment-là, je ne pouvais pas concilier étudier et jouer au football », dit Ghizlane avec regret.
L’appel du sélectionneur national à Ghizlane reste la meilleure consolation pour le temps scolaire perdu. J’étais heureuse quand j’ai été appelée pour la première fois pour porter le maillot de l’équipe nationale marocaine, ce que je considère comme une grande fierté, et pour laquelle j’ai marqué plus de 20 buts. Mais le plus grand bonheur était pour ma mère et mon père qui en avaient assez que les gens médisent sur ma pratique du football. J’ai pu enfin les rendre heureux après avoir partagé leurs inquiétudes avec moi et après m’avoir aidé financièrement et moralement à atteindre mes objectifs », raconte l’attaquante de l’équipe nationale marocaine.
Deux buts et femme du match, ce sont les deux raisons qui ont fait que les offres professionnelles pleuvent sur la jeune joueuse de vingt ans. Cela est arrivé rapidement lors d’un match amical entre l’équipe féminine marocaine et son homologue égyptienne, et le match à peine terminé, voilà que plusieurs responsables de clubs égyptiens demandent à la rencontrer. A ce propos, dit-elle, « je me suis dit : pourquoi je ne passerais pas par une expérience professionnelle chez des Egyptiens au lieu du Maroc ? J’ai accepté ma première offre sérieuse de l’équipe Misr El-maqasa en 2010. »
« Il y avait un intérêt en Egypte pour le sport et le football féminin », c’est la première chose que Ghizlane a remarqué après avoir rejoint sa nouvelle équipe. Cependant, le déclenchement de la révolution du 25 janvier et l’instabilité de la situation politique et sécuritaire en Égypte l’ont incité à retourner dans son pays d’origine et à rejoindre l’équipe de l’armée royale -FAR- dans la capitale, Rabat.
L’année dernière, l’équipe a remporté le titre de la Ligue nationale de football féminin pour la septième fois de son histoire, la cinquième consécutive.
Concernant le niveau du football féminin au Maroc, Ghizlane a déclaré : « Les athlètes féminines souffrent encore de quelques problèmes techniques. L’aspect tactique est également important, et avec lui la récupération du ballon de l’adversaire. » «Tout cela, selon Ghizlane, les joueuses devraient l’apprendre et le maîtriser en jouant dans les petites sections comme leurs homologues masculins, que nous trouvons techniquement, physiquement et tactiquement complets lorsqu’ils atteignent la première division. »
« Le manque technique est l’une des raisons pour lesquelles nous et le reste des équipes arabes ne nous sommes pas qualifiées pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2019 », a déclaré Chebbak, qui a remporté le prix de la meilleure joueuse marocaine à quatre reprises.
« Si le championnat national avait été professionnel avant cette année, et qu’il y avait un soutien médiatique sérieux pour le football féminin, ainsi qu’une formation de haut niveau compétitive, nous aurions pu atteindre notre objectif de qualification pour la Coupe du monde », conclut Ghizlane.
Par conséquent, Ghizlane cherche à éviter aux futures générations ce dans quoi cette génération de footballeuses est tombée. « Mon message est toujours adressé en premier lieu aux parents », dit-elle, « soutenez vos filles si elles ont un intérêt pour le sport ». Car s’ils ne soutiennent pas leurs filles dans leur pratique du sport, il leur sera difficile de faire face aux obstacles qu’elles vont rencontrer et elles vont échouer. C’est ce que j’ai conclu de mon expérience : « si mes parents n’avaient pas été à mes côtés, je n’aurais pas été footballeuse, et je serais restée confinée dans le carcan communautaire et ses ragots. »
« Nous sommes sur la bonne voie pour être au niveau du football masculin. Nous ne rendrons jamais les armes et nous ne nous renoncerons jamais. »
L’optimisme domine dans la voix de Ghizlane, qui souhaite que toutes les filles marocaines puissent s’affirmer et prouver leurs capacités sportives.