Comment voyez-vous le Golf féminin dans le monde, et au Maroc ?
Le golf féminin n’est pas aussi médiatisé que le masculin. Ce qui fait qu’il n’a pas vraiment la place que j’estime qu’il devrait avoir à cause des Droits TV, retransmissions, marchandising… Mais autant le golf masculin est à son pic autant il y a une opportunité incroyable pour le golf féminin où il y a encore beaucoup de choses à faire. Cela intéresse d’ailleurs de plus en plus les gens un peu partout dans le monde.
Au Maroc, quand j’ai commencé il y avait déjà une professionnelle, Mounia Amalou et Lalla Soumya Ouazzani. Ce sont des personnes qui m’ont inspirée. Qui m’ont donné envie de m’améliorer. Mais aujourd’hui, le golf féminin est la locomotive du golf tout court. Il y a de très bonnes joueuses, de bons espoirs comme Ines Laklalech. Nous avons aussi beaucoup de chance car nous avons une fédération qui est très dynamique avec à sa tête le prince Moulay Rachid. Une fédération qui ne fait aucune discrimination entre femmes et hommes. Donc c’est juste une question de temps avant d’avoir beaucoup plus de filles marocaines sur le circuit.
En 2019, la sud-coréenne Jin Young Ko a battu le record du monde du plus grand nombre de trous sans concéder un bogey. Un record détenu depuis 2000 par Tiger Woods. Pourtant elle est moins connue que lui. Est-ce la faute des médias ?
Le Golf féminin est certes moins médiatisé car il rapporte moins d’argent donc est moins mis en avant. Mais il est en train de grandir. Le golf masculin a la chance d’avoir une star comme Tiger Woods qui est la raison pour laquelle les joueurs professionnels gagnent aujourd’hui autant d’argent. Le golf féminin a besoin d’une figure équivalente qui mobilise les foules. C’est aussi une question de personnes. Des golfeuses comme la suédoise Annika Sörenstam ou encore l’américaine Lexi Thompson ou sa compatriote Michelle Wie étaient des figures qui ont permis un boom dans le golf féminin.
Le Maroc est un pionnier dans la mise en avant du golf féminin. Chez nous, le tournoi fait partie du circuit international. Il est aussi le premier tournoi où les femmes et les hommes ont joué en même temps dans un tournoi du premier circuit. Nous jouons la même semaine et sur le même golf. Pourtant le « prize money », le prix, n’est pas le même. Les femmes gagnent à la fin 4 à 5 fois moins que les hommes.
Le fait qu’on joue en même temps permet d’ailleurs de constater ces différences en termes d’argent mais aussi d’intérêt médiatique.
L’explication est toute simple : Le tournoi masculin rapporte de l’argent, car les droits télévisuels masculins sont vendus assez cher. Les organisateurs du tournoi doivent payer pour avoir une couverture télévisuelle pour le tournoi féminin alors qu’ils sont payés pour la couverture du tournoi masculin. Telle est la différence. Par conséquent, les golfeuses ont beaucoup plus de mal à trouver des sponsors que les golfeurs. Les sponsors préfèrent en effet mettre de l’argent là où il y a un intérêt médiatique.
Qu’en est-il de votre propre expérience en termes de sponsoring ?
Je considère personnellement que j’ai été très privilégiée et c’est une chance de pouvoir vivre de ma passion. J’ai eu la chance d’être accompagnée par l’association Trophée Hassan II et aujourd’hui par la fédération marocaine de golf et par Taghazout Bay, le golf où je m’entraine à Agadir, depuis près de six ans. Il y a aussi Ping qui me fournit en clubs.
J’ai donc beaucoup de chance d’avoir des partenaires qui ont confiance en moi et qui m’accompagnent dans mes rêves. Car en général, c’est plus difficile pour une femme, même si je n’ai jamais ressenti cela au Maroc.
La médiatisation permet aussi de voir apparaître des modèles qui peuvent inspirer les plus jeunes. Quel est votre modèle dans le golf au Maroc et dans le monde ?
Tiger Woods qui était à son apogée quand je commençais a toujours été mon modèle. Sinon il y a des sportives qui ont marqué ma jeunesse et qui m’ont beaucoup inspirée. Je pense notamment à Nawal Moutawakil ou Nezha Bidwane qui sont pour moi des modèles dans le sport, dans la vie et dans la gestion de leur post-carrière.