À Gaza, les sports féminins résistent malgré le blocus et les obstacles. Les Gazaouites, loin de s’avouer vaincues, entendent protéger leur droit de pratiquer le sport.
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Les jeunes athlètes palestiniennes ont réussi à défier leurs conditions de vie difficiles, rythmées par l’état de siège imposé par Israël. Dans la bande de Gaza, l’adversité a donné naissance à des championnes hors normes, pour qui la liberté de pratiquer le sport ne relève point de l’évidence. Pourtant, leur ambition est restée inébranlable, elles qui continuent de gravir les marches du succès jusqu’à l’ascension mondiale, et ce dans de multiples disciplines sportives.
Sanaa al-Tahan fait partie de ces jeunes palestiniennes qui ont grandi sous blocus. Du haut de ses 19 printemps, celle-ci s’est accrochée à son rêve de devenir judokate professionnelle. Aujourd’hui, elle mène sa carrière sportive au sein du club Al-Nasr al-Arabi, en plus de son activité de coach de judo dans d’autres clubs et écoles privées.
Selon Sanaa, les arts martiaux sont prisés par de nombreuses jeunes filles à Gaza. Elle explique que ce choix est souvent lié à une volonté d’apprendre les techniques d’autodéfense, pour faire face aux agressions et au harcèlement. Cependant, les sports de combat féminins dans la bande de Gaza, se heurtent à une double peine. D’un côté, le regard patriarcal de la société qui estime que de telles disciplines devraient être réservées aux hommes seulement. D’un autre côté, la difficulté pour ces athlètes de participer à des compétitions hors des murs de la bande de Gaza, étant cernées par les forces israéliennes depuis maintenant 15 ans.
Par ailleurs, dans un contexte de guerre, les territoires assiégés ne sont jamais à l’abri des raids et des bombardements. Lorsque cela arrive, la population retient son souffle et pendant des jours, parfois des semaines, aucune activité sportive n’est possible, au risque de perdre sa vie. Sanaa al-Tahan raconte que plusieurs judokas et judokates ont été bombardés, lors de la dernière guerre en date, qui a duré 11 jours. Elle-même souffre de traumatisme, après avoir vu des maisons s’effondrer sous les bombes dans son quartier.
En 2022, la Palestinienne était attendue au Championnat de la Solidarité Islamique à Konya, en Turquie. En raison des raids israéliens sur la bande de Gaza, cette dernière a dû renoncer à ses entraînements, ainsi qu’à son stage de préparation à l’étranger. Sanaa a finalement réussi in extremis, à s’envoler pour la Turquie et à représenter son pays, en dépit de son impréparation.
Mais à l’épreuve du blocus, les athlètes gazaouis sont également privés de leur liberté de circulation au-delà des frontières imposées. En effet, il n’existe que deux points de passage, qui permettent de quitter la bande de Gaza : le poste de contrôle d’Erez et celui de Rafah. Une fois sur place, les athlètes palestiniennes sont généralement refoulées et, dans les meilleurs des cas, elles obtiennent l’autorisation de voyager, après de longues et épuisantes heures d’attente et de fouille.
Ibtissam Nasr figure aussi parmi les femmes qui ont emprunté la voie sportive à Gaza. Comme Sanaa al-Tahan, la boxeuse et coach de 28 ans souffre des restrictions liées au blocus dans sa ville.
« Je suis l’une des fondatrices du premier club palestinien de boxe féminine. À l’époque, on ne comptait pas plus de 30 boxeuses en Palestine », indique Ibtissam.
D’autre part, la Palestinienne souligne que le blocus israélien affecte les sportives palestiniennes, mais aussi les clubs, à plusieurs niveaux, notamment sur le plan financier. Une situation qui entraîne également l’indisponibilité sur le marché des équipements sportifs.
Dans la boxe par exemple, la championne déplore le manque de gants, de sacs d’entraînement et autres équipements de base, qui se vendent à des prix exorbitants, en raison des taxes douanières. Sur le marché d’équipements sportifs, les sommes affichées pour des gants varient entre 24 et 32 euros, tandis qu’un sac de boxe coûte entre 53 et 106 euros.
Le club Al-Machtal, au sein duquel Ibtissam forme des filles âgées entre 9 et 40 ans, ne dispose pas des équipements les plus élémentaires. La Palestinienne confie à Taja Sport qu’elle-même ne parvient pas à se procurer des gants et un sac de boxe pour s’entraîner à la maison. D’après elle, ces conditions précaires l’empêchent d’atteindre un niveau supérieur et de développer sa pratique de la boxe.
Ibtissam Nasr ne déchante pas pour autant. Celle-ci espère que « la communauté et les institutions internationales introduisent ces équipements sportifs à des prix raisonnables et organisent des stages d’entraînement à l’étranger, afin de contribuer au développement de la boxe féminine en Palestine ».
Nombreuses sont les athlètes palestiniennes, qui luttent tous les jours pour continuer à pratiquer le sport qui les fait vibrer et leur permet une certaine évasion. Sanaa al-Tahan, Ibtissam Nasr et tant d’autres sportives rêvent de hisser le drapeau palestinien dans toutes les manifestations sportives du monde.