La voie qu’Alexandra a empruntée n’est pas sans importance. La jeune fille a fait des études de graphisme à l’Université libanaise, avant de se lancer dans une carrière dans ce domaine. Elle a également pris des cours de chant pour affiner son talent musical. Comment alors en est-elle arrivée à s’engager dans la boxe ?
Taja Sport l’a rencontrée pour l’interroger sur sa passion pour ce sport et son succès en la matière : « toute jeune, je portais un intérêt pour le sport et c’est ma sœur qui a été la première à le remarquer, lorsqu’elle a constaté que j’étais capable de courir de longs kilomètres avec elle, sans m’épuiser. Elle m’a donc encouragée à m’y lancer et m’a beaucoup soutenue pour ce faire, étant elle-même athlète ».
Alexandra a commencé à s’entraîner seule dans le parking des voitures qui se trouvait à proximité de sa demeure. A l’âge de 18 ans, l’académie « No count » a découvert son talent grâce à des extraits filmés de son entraînement, publiés sur ses réseaux sociaux. Ayant pris contact avec elle, « No count » informe la jeune femme qu’ils seraient prêts à lui fournir tout le soutien nécessaire à condition qu’elle s’engage à s’entraîner sérieusement. Chose promise, chose due.
Au bout de quatre mois, Alexandra Sukkar a disputé son premier tournoi et a occupé la troisième place, avant de remporter la médaille d’or lors du championnat des universités. Partie en Thaïlande pour représenter le Liban, la chance ne lui sourit pas, en raison, entre autres, de l’absence de son entraîneur. De retour au pays du Cèdre, elle a joué dans le cadre de la première catégorie de Muay Thaï où elle s’est vu remettre la médaille d’argent, puis la médaille d’or à plusieurs reprises dans sa catégorie et dans la catégorie de poids ouvert. Nouvelle destination : Singapour où elle a participé au championnat du monde et a remporté le bronze malgré son manque d’expérience en MMA.
Les tensions générales au Liban en 2019 ont poussé Alexandra à rester dans son village natal « Becharré » et à s’entraîner en continu pour se préparer pour les grands tournois. Elle a remporté l’or en Egypte et a couronné sa carrière sportive avec sa participation au championnat du monde, dans la capitale néerlandaise, Amsterdam, où elle a décroché la médaille d’or et remporté le championnat du monde… un grand exploit pour Alexandra et pour le Liban.
La mère d’Alexandra n’a jamais été au courant des activités de sa fille et ses interminables entraînements qui s’étendaient jusqu’à des heures tardives dans la nuit l’étonnaient. Observant de près cette passion, « elle a accepté que j’intègre le club sportif, à condition d’étudier le graphisme et de me procurer l’argent nécessaire à mon inscription. J’ai participé à trois tournois à son insu, sans pour autant lui déclarer que le sport duquel il s’agit est la boxe, connaissant ses préjugés. Elle a souvent qualifié cette activité de violente, et considéré, comme beaucoup de gens, qu’il s’agit d’un sport masculin. J’ai toujours voulu briser cette idée reçue. Nous, les femmes, sommes capables de pratiquer la boxe, comme les hommes », a confié Sukkar à Taja Sport.
Alexandra s’est retrouvée dans l’obligation de partager avec sa mère ses exploits, lorsqu’elle a décidé de représenter le Liban en Thaïlande : « j’ai avoué à ma mère que je pratiquais la boxe car j’avais besoin d’elle pour obtenir mon passeport. Je lui ai remis les trois médailles que j’avais remportées auparavant et lui ai enfin annoncé que j’étais la championne du Liban. Ma mère a été très surprise en découvrant les vidéos de mes combats, mais aussi très émue. Partant d’une peur intense qu’elle avait pour moi, elle est devenue aujourd’hui ma première source de soutien. Elle prie toujours pour que je gagne les tournois auxquels je participe et célèbre tous mes succès ».
L’athlète libanaise rêve grand, puisqu’elle est déterminée à se professionnaliser, atteindre l’UFC et obtenir la ceinture, ce qui signifierait avoir atteint le plus haut rang dans les arts martiaux. A ce sujet, elle souligne : « en pratiquant le sport, on apprend à se contrôler et à apprendre qu’il ne sert à rien d’angoisser. Quand je rencontre quelqu’un de doué en sport, je ne manque pas de l’encourager à s’entraîner parce que je crois en la possibilité pour chacun de devenir champion. J’invite tous les jeunes athlètes à croire en eux, à poursuivre leurs rêves et à travailler dur pour atteindre leurs objectifs ».
Alexandra Sukkar est une championne libanaise qui a tracé son chemin pour le championnat du monde et l’a remporté avec mérite, grâce à sa persévérance et sa conviction que rien n’est impossible face à la détermination et la patience. L’histoire inspirante d’Alexandra est la preuve que nous pouvons concilier études, travail et sport, tout en étant à la hauteur dans tous les domaines.