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Foot féminin : la Jordanie, une figure de premier plan dans la région MENA

Tout a commencé en 2004, lorsque la Fédération de Jordanie de Football a officiellement annoncé la création de programmes de développement du foot féminin. Cette nouvelle confirmait l’avènement d’une nouvelle ère du football féminin, au royaume Hachémite. En effet, le vent de modernisation, qui a soufflé sur la société jordanienne, a balayé son traditionnel désintérêt pour le football féminin, pour laisser place à de nouvelles perspectives d’évolution et de progrès dans cette discipline sportive.

Ce projet a changé la donne en Jordanie, voire au-delà du royaume. D’autres fédérations de la région du Moyen-Orient et Afrique du nord (MENA) ont désormais placé cette initiative au centre de leurs préoccupations. A ce propos, le prince Ali bin Al Hussein avait tiré la sonnette d’alarme au vu de la situation précaire du foot féminin, soulignant la nécessité de prendre en charge les joueuses jordaniennes. L’idée de créer des espaces dédiés à cette activité sportive et des compétitions avait également été évoquée par lui, afin de permettre aux joueuses professionnelles d’exprimer leur talent et leur potentiel.

Chose évoquée, chose due… En l’an 2000, le prince Ali, également Président de la Fédération de Jordanie de Football, a inscrit le foot féminin parmi les programmes sportifs phares dans les écoles. Une décision qui a motivé des centaines de jeunes footballeuses amatrices, qui n’y croyait plus.

C’est dans cette perspective qu’afin d’ancrer le football féminin dans les traditions sociales, l’une des actions majeures entreprises, a consisté en la formation d’un noyau solide composé de différentes catégories d’âges de footballeuses pour les préparer à intégrer, plus tard, la sélection de haut niveau. Dans cette optique, des équipes de jeunes joueuses, de moins de 14 ans et 17ans, ont été créées, fin 2004. Certaines d’entre elles ont rejoint les équipes d’élite de la Ligue Jordanienne Dames, et d’autres ont porté le maillot de la sélection nationale féminine.

Dès la première année de sa formation, l’équipe nationale jordanienne féminine a disputé son premier match officiel contre l’équipe nationale du Bahreïn. Une rencontre durant laquelle les Jordaniennes se sont largement imposées 6 – 1. De ce fait, l’année 2005 a marqué un tournant décisif dans le foot féminin, dans la promotion d’une image singulière de la femme jordanienne.

Foot féminin : la Jordanie, une figure de premier plan dans la région MENA
Les joueuses jordaniennes ne se sont pas arrêtées là. Elles se sont rapidement imposées sur la scène footballistique régionale, du fait de leur invincibilité, ce qui leur a valu une qualification en finale de Championnat d’Asie de l’Ouest Dames. Une finale remportée haut la main, contre la sélection iranienne. Ainsi, « Al-Nashmiyat » ont réalisé leur premier exploit en soulevant la coupe, dès la première année de la formation de l’équipe.

La sélection jordanienne a frappé d’une main de fer toutes celles et ceux qui se doutaient du talent des « Al-Nashmiyat ». Après cela, l’équipe a réussi à remporter le même championnat en 2007 et en 2014. Elle n’a toutefois pas pu se démarquer au niveau asiatique, notamment lors de la Coupe d’Asie Dames, des éliminatoires des Jeux Olympiques et des Jeux asiatiques. Les années suivantes, Al-Nashmiyat n’ont pas été en mesure, non plus, de rivaliser avec les principales équipes de foot féminin, telles que le Japon, la Corée du Sud et la Chine.

En 2006, l’équipe jordanienne de football féminin n’a pas réussi à passer la phase de groupes des Jeux asiatiques, à Doha. « Al-Nashmiyat » ont subi de lourdes défaites contre des équipes d’élite du continent. L’on pense particulièrement à celle qui leur a été infligée par l’équipe féminine japonaise 0-13.

Foot féminin : la Jordanie, une figure de premier plan dans la région MENA

Le parcours d’« Al-Nashmiyat » n’a pas été sans embûches. D’abord, la Jordanie se retire des éliminatoires olympiques 2008, à Pékin. Plus tard, l’équipe s’incline en phase éliminatoire de la Coupe d’Asie des Nations 2009. Un an plus tard, en 2010, changement de la donne : l’équipe nationale jordanienne féminine signe son retour : lors d’une finale disputée contre l’équipe féminine égyptienne, qu’elle parvient à mettre en échec, « Al-Nashmiyat » remporte la Coupe arabe féminine de football, organisée à Bahreïn.

Durant la période qui se situe entre 2005 et 2010, la Jordanie a connu une forte affluence de filles dans les rangs des équipes de la ligue locale. Les plus jeunes se ruent aussi pour emprunter la voie du foot féminin. Toutefois, la véritable avancée pour ce sport en Jordanie est la souplesse et la flexibilité dont témoigne récemment la société, qui commence à admettre l’idée que des filles puissent chausser les crampons et jouer au ballon sur un terrain de foot. Auparavant, cela semblait inimaginable.

Aujourd’hui, 21 ans se sont écoulés depuis le lancement de cette expérience inédite dans la région MENA. Le nombre de footballeuses actives a atteint, environ, 1000 joueuses, toutes catégories confondues. Elles évoluent dans 10 équipes concurrentes, notamment, la première division locale, dont certaines joueuses sont en têtes d’affiche. Ces stars du foot jordanien, assurent la promotion du football féminin, à travers les réseaux sociaux et les campagnes publicitaires.

Foot féminin : la Jordanie, une figure de premier plan dans la région MENA

Le succès fulgurant que connait le football féminin en Jordanie, depuis plus de 15 ans, revient à la participation de l’équipe nationale jordanienne aux éliminatoires des JO de Londres, 2012. Dans cette compétition, « Al-Nashmiyat » ont réussi à se qualifier au premier tour, mais, au tour suivant, elles ne sont pas parvenues à se décrocher une place pour les Jeux Olympiques.

De plus, en septembre 2016, la Jordanie a accueilli la Coupe du monde féminine U-17. C’est la première fois qu’une compétition de ce niveau, est organisée dans la région MENA. Ceci a impulsé une nouvelle dynamique dans le foot féminin, en Jordanie et à l’étranger. Rappelons que le Comité Exécutif de la FIFA avait opté, en 2013, pour la Jordanie, comme hôte de ces compétitions.

La Jordanie, pays hôte de la CDM féminine U-17, a terminé dernière du groupe A de la compétition. Les équipes de haut niveau, qui ont une longue histoire dans le football féminin, n’ont laissé aucune chance aux joueuses d’« Al-Nashmiyat ». Celles-ci ont néanmoins gagné en expérience en se mesurant à de grandes équipes, telles que l’Espagne (3ème), le Japon (2ème), et le champion en titre, la Corée du Nord.

La Jordanie s’est dotée d’une approche audacieuse, dans son objectif de faire accepter le foot féminin au sein de l’opinion publique jordanienne. Cela était difficile au début, mais d’importantes batailles ont été gagnées. Par ailleurs, la jeune équipe nationale féminine n’est qu’à ses débuts, et de grands défis l’attendent. Sans oublier qu’aujourd’hui, elle dispose du potentiel humain nécessaire, qui lui permet de se projeter sérieusement, à l’horizon 2024, avec l’ambition de prendre part aux Jeux Olympiques de Paris.

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