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Amman Club, champion de la Ligue jordanienne de football féminin et tenant du titre du Championnat féminin des clubs de l’AFC, a récemment évoqué son retrait possible de la Jordan Women’s Pro-League. Selon des informations locales, le club féminin n’aurait pas reçu ses cotisations financières de la Jordan Football Association (JFA), pendant deux ans. Le montant de la créance réclamée s’élève à plus de 50 000 dollars, y compris les récompenses des deux dernières ligues, remportées par Amman SC.
dim-hou-unsplash
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À en croire la presse locale, les difficultés financières se sont aggravées, à tel point que des voix se sont élevées au sein du bureau administratif, appelant à la dissolution du club féminin jordanien. Cette crise a relancé le débat sur la situation financière des équipes de football féminin, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Une controverse suscitée après l’enquête publiée par la “FIFA” en mi-2021 et qui fait état de pertes financières pour 70% des équipes féminines de football.

Le chercheur marocain spécialiste de la politique sportive, Moncef El Yazghi, a déclaré, dans une interview accordée à Taja Sport que « les récompenses pécuniaires accordées aux vainqueurs des championnats sont insuffisantes. Par ailleurs, la Fédération Internationale de Football “FIFA” apporte un soutien financier d’un montant de 300 000 dollars à toutes les fédérations dans le cadre du développement du football féminin. Cependant, le problème réside dans la politique des dirigeants de certaines fédérations de football qui ne tiennent pas compte des équipes féminines ».

D’après une étude de la FIFA, qui a analysé l’état des lieux de plus de 280 clubs sur 30 championnats dans le monde, il a été constaté que 13 % des clubs féminins génèrent plus d’un million de dollars de revenus, dont la majeure partie provient de contrats de parrainage. Compte tenu de la propagation de la pandémie de COVID-19, la FIFA a offert une aide financière à 70 % des ligues et à 58 % des clubs qui ont fait l’objet de l’étude susmentionnée.

Dans un article paru début 2020, dans le prestigieux journal britannique « The Guardian », le porte-parole officiel de la FIFA, a déclaré que « le budget du football féminin ne sera pas affecté par la propagation du coronavirus. A cela, il a ajouté que « l’enveloppe de 1 milliard d’euros allouée par la FIFA aux équipes leur sera toujours consacrée, l’objectif étant le développement du football féminin ».

Des clubs féminins « pour la forme »

Le constat est sans appel ! Le manque de moyens et la mauvaise gestion des ressources financières des clubs féminins de football a un impact sur les joueuses sur le plan socio-professionnel. Cela n’est pas sans conséquences sur leurs performances sportives. Fin 2020, une vague contestataire déferlait dans le monde du football féminin, en Égypte et, pour cause, le retard de paiement des nombreuses joueuses, dont certaines étaient sous contrat avec leurs clubs. Un mouvement de protestation qui a aussi été observé au Maroc, où, selon des sources locales, la Fédération marocaine de Football n’a pas rémunéré les joueuses pendant 4 mois.

Moncef El Yazghi nous fait savoir à ce propos, que « la fédération Marocaine s’obstine à payer les clubs conformément à un accord conclu selon sa nouvelle stratégie ». Ce dernier déplore le fait que « les clubs de football féminin dans la région MENA sont, pour la plupart, créés pour la forme, uniquement parce que la fédération l’impose. C’est pourquoi nous voyons des clubs tergiverser pour payer les salaires des joueuses, dans cette région ».

Dans le cadre de « la nouvelle stratégie » fixée à l’été 2020, la Fédération Royale Marocaine de Football avait décidé de verser un salaire de 13 000 $ par mois aux équipes de la 1ère division de la ligue féminine et 86 000 $ pour les clubs de la 2e division. L’objectif est de soutenir financièrement les clubs et de leur permettre de rémunérer les joueuses ainsi que le staff technique. Par ailleurs, les équipes qui participent aux compétitions régionales reçoivent une subvention d’environ 10 000 $.

Il existe néanmoins des fédérations dans la région MENA, qui encouragent le football féminin à travers l’attribution de grands prix financiers réservés aux clubs féminins, qui remportent des championnats, à l’instar de la Fédération Saoudienne de Football qui vient de dévoiler les récompenses de son championnat féminin pour l’année 2021/2022. Le gagnant recevra la somme de 300 000 riyals saoudiens (soit plus de 75 000 $). Le second percevra 250 000 riyals saoudiens (plus de 65 000 $) et l’équipe en troisième place se verra octroyer 200 000 riyals saoudiens (plus de 50 000 $).

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