Vous vous battu en faveur du football féminin en Jordanie comme à l’étranger, notamment au sein de la FIFA, où vous avez plaidé pour le port du hidjab par les joueuses. Pourquoi cet enjeu vous a-t-il paru important ?
Lorsque j’ai été élu vice-président de la FIFA en Asie et représentant du continent asiatique, j’ai vécu un incident étrange. Cela s’est passé durant la rencontre entre l’équipe féminine jordanienne et son homologue iranienne, pour les qualificatifs de la Coupe du monde, fin 2011. À cette période-là, le règlement de la FIFA autorisait les joueuses à porter le voile, dans le cadre de compétitions continentales. Il le leur était toutefois interdit pendant les séries qualificatives de la Coupe du Monde. Chose étonnante, à mon avis. C’est en raison de la présence de joueuses voilées sur le terrain que les arbitres avaient stoppé le match. J’en ai discuté avec le président de la FIFA à l’époque. Ce dernier m’a confié alors le dossier. Décision à la suite de laquelle j’ai tout de suite constitué un collectif de représentants du football féminin, pour débattre l’affaire. Alors que la plupart des concernés n’avaient formulé aucune objection à ce sujet, d’autres invoquaient des raisons sanitaires pour soutenir leur thèse. Des prétextes que nous avons pu réfuter, grâce à l’intervention de médecins. Un autre argument avancé par les défenseurs de cette interdiction : les tenues de nature religieuse ne devraient pas être acceptées sur le terrain. Ceci m’a semblé surprenant, surtout que d’autres athlètes ont bien le droit de porter la croix.
En fin de compte, après avoir présenté notre argumentation devant la commission qui fixe les règles du jeu au sein de la FIFA, nous avons obtenu gain de cause. Une première, la commission n’étant jamais auparavant revenue sur une décision déjà prise. A partir de ce moment, les athlètes féminines désireuses de porter le voile lors de diverses compétitions, comme les JO, l’ont fait aisément. Leur première participation a eu lieu lors des olympiades de Londres, en 2012.
Il nous a paru important que les femmes en hidjab puissent, elles aussi, pratiquer le sport. D’un autre côté, nous refusons, tout autant, que le voile soit imposé aux sportives. Tel était le cas de l’Iran, par exemple. Toutefois, après la promulgation de la nouvelle loi, l’équipe nationale féminine de Jordanie a été la première équipe nationale de football à jouer, en Iran, sans voile. C’est une question de respect.
N’oublions pas que les extrémistes s’opposent, à la base, à ce que les femmes s’engagent dans des activités physiques, quelles qu’elles soient.
Quelles sont vos ambitions pour le football féminin ?
Le football féminin est le sport qui a le plus progressé dans le monde. Le football masculin culmine déjà à un très haut niveau. Les équipes féminines, elles, ont encore du chemin à faire. Cela se reflète dans les finales de la Coupe du monde ainsi que dans le niveau de compétitivité. Notre objectif est de consolider notre présence dans les compétitions internationales. Cela vaut pour la Jordanie ainsi que pour les équipes africaines. Je souhaite également que notre sélection nationale participe à la Coupe du Monde féminine.