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Najwa Awane : « C’est triste qu’on n’entende jamais parler de handisport dans les médias marocains »

Najwa Awane marque toute personne qui la rencontre par son sourire et sa joie de vivre. La vie n’a pourtant pas été toujours tendre avec elle. Mais Najwa a décidé de faire de tous les obstacles qu’elle rencontre des défis qui la poussent à se dépasser et aller toujours plus loin. Voici l’histoire de celle qui est devenue aujourd’hui une icône du handisport au Maroc dans la catégorie du tennis en chaise roulante.

Najwa a toujours été passionnée de sport depuis son plus jeune âge. « Je fais du sport depuis l’âge de 5 ans.  Je courais tous les jours et je faisais du karaté. Le sport a toujours été toute ma vie » explique la jeune championne.

Mais à l’âge de 9 ans un accident tragique vient bousculer la vie de Najwa qui se retrouve amputée de la jambe gauche. La petite fille débute alors une période sombre dans sa vie. « J’étais en dépression. Il a fallu arrêter toute activité sportive pendant près de quatre ans et je ne voyais pas comment je pouvais continuer à vivre ma vie qui avait perdu tout sens à mes yeux », raconte-t-elle.

C’est son prothésiste de l’époque qui va l’aider à sortir de cette impasse. « C’est lui qui m’a parlé de sport paralympique. C’était la première fois que j’entendais parler de handisport », explique Najwa qui avoue que la reprise de l’activité sportive lui a redonné le goût de la vie. Elle peut alors enfin s’accepter telle qu’elle est avec son handicap.

« Mon père a commencé à chercher des clubs qui pouvaient me permettre de reprendre le sport. C’était très difficile pour moi au début de m’asseoir sur un fauteuil roulant, moi qui courais avant. Dans ma tête c’était injuste comme situation. Je ne me reconnaissais pas avec ce fauteuil », ajoute-t-elle.

Une nouvelle vie grâce au sport

Le retour dans le monde du sport se fera par le tennis. Une discipline qu’elle découvre via l’association Idmaj. « J’ai commencé à retomber amoureuse du sport et du tennis plus particulièrement », nous confie-t-elle.

Ses débuts sont pourtant timides. Mais Najwa veut toujours aller plus loin. Il ne suffit pas de taper quelques balles, elle veut exceller dans sa discipline. Elle ira même jusqu’à participer à un premier championnat de tennis en chaise roulante, à l’âge de 13 ans, alors qu’elle ne maîtrise même pas encore les règles du jeu.

Certes, elle perd le match mais pas la bataille. « Après cette compétition je cherchais des clubs pour continuer à m’entrainer. Mais ils me refusaient avec pour excuse le fait que le fauteuil roulant allait abîmer les courts », se rappelle-t-elle. Mais elle décide de faire de ce mur qui se dresse face à elle son allié. « A défaut de trouver un club j’ai décidé de jouer plusieurs mois contre un mur. C’était la solution et je n’étais pas prête de baisser les bras ».

Pour celle qui s’est classée à la 36e place mondiale en 2018 dans la discipline de tennis en chaise roulante, l’histoire n’aurait jamais pu s’écrire sans le soutien de sa famille et de ses amis, et plus tard de sa fédération et de ses sponsors. Mais la réussite, Najwa la doit avant tout à elle-même et à son engagement à fournir le maximum d’efforts pour atteindre ses objectifs, de plus en plus ambitieux.

Najwa se sent aujourd’hui privilégiée et elle veut penser à toutes les autres qui n’ont pas eu sa chance. Elle s’est engagée à faire entendre sa voix et celles de toutes les jeunes filles en situation de handicap qui ne savent pas qu’elles peuvent pratiquer plusieurs disciplines sportives. « C’est vraiment triste que dans des pays comme le mien, on n’entende jamais parler de handisport. J’aurais aimé voir plusieurs sujets dessus dans les médias par exemple. J’aimerais qu’on donne autant de valeur au sport paralympique qu’au sport olympique. Car la conséquence de cette absence d’intérêt médiatique se ressent directement sur le peu de financement dont peuvent profiter les sportifs handisport », insiste Najwa.

En attendant, la jeune championne utilise sa notoriété sur les réseaux sociaux pour véhiculer sa joie de vivre et son message sur l’importance de la pratique sportive. « Le sport a été mon traitement contre la dépression. Le sport m’a permis de surmonter des épreuves difficiles dans ma vie. Le sport est un médicament et il n’est pas nécessaire d’entrer en mode compétition. Le plus petit effort est déjà bénéfique et il n’est jamais trop tard pour commencer », conclut la sportive de 22 ans.

Le rêve paralympique, mais …

En plus d’espérer atteindre la 20ème place mondiale dans la catégorie tennis en chaise roulante, Najwa Awane rêve de se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Tokyo cette année.

La championne marocaine et africaine de tennis sur fauteuil roulant en a les capacités mais pour atteindre Tokyo, le chemin est encore long. « Il faut s’entrainer, participer à plusieurs tournois et tout cela demande des moyens que je n’ai pas pour le moment ». Certes Najwa peut compter sur ses sponsors actuels, mais pour atteindre les Jeux Paralympiques, il lui faudrait un budget de 100 000€.

« C’est mon rêve et je serais fière de me qualifier pour mon pays. Mais il faudrait trouver le financement nécessaire pour payer mes séances d’entrainement (NDLR : 3 heures par jour), plus la participation aux tournois ». D’autant que la jeune sportive poursuit ses études en parallèle. Son autre rêve étant justement d’obtenir son Master Ingénierie et Technologie de l’Education et de la Formation.

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