La passion de Hajja Laaouissi pour le football et pour son club remonte à des décennies. C’est une des premières femmes à avoir investi les gradins des stades de football pour suivre les matchs.
Adolescente, elle s’était jointe à une équipe de supporters partie assister à un match de leur club à Casablanca (100 km au nord d’El Jadida). C’était en 1966 et le club Difâa El Jadida cherchait à se qualifier en première division. Impossible de ne pas être là pour le soutenir, pensait la petite Fatima alors âgée de 14 ans seulement.
En entrant au stade Philip (rebaptisé depuis stade Larbi Benbarek), tous les regards étaient sur elle. Mais la jeune Fatima va aller encore plus loin, en investissant le terrain à la fin du match pour féliciter son équipe préférée qui vient de remporter la partie.
Un bonheur qui n’a eu pour égal que la colère de son père quand elle est rentrée. L’escapade casablancaise n’était pas du tout du goût du père de famille. Mais la punition n’a entamé en rien l’amour de Fatima pour son club, qu’elle supporte depuis plus de 60 ans.
Elle n’a depuis jamais raté un match, sauf en cas de force majeure. Les supporters sont habitués à entendre Hajja Laaouissi donner de la voix dans les gradins. Plus tard, elle sera même nommée Vice-Présidente du club féminin de sa ville.
Sa vie entière a été consacrée au club Difaâ El Jadida. Elle ira même jusqu’à sacrifier son travail pour suivre son club de prédilection. Elle est aux anges quand son équipe gagne et peut tomber malade quand celle-ci perd.
Hajja Laaouissi a même déjà vendu ses bijoux pour payer le transport à des supporters qui n’avaient pas les moyens de suivre le club quand il avait des matchs à l’extérieur.
Il n’est pas rare pendant les matchs de voir l’Hajja faire le tour des gradins pour saluer les supporters ou leur distribuer des gâteaux faits maison. Elle est là pour chanter et danser avec tout le monde quand l’équipe gagne. Mais quand celle-ci perd, Fatima est là pour réconforter tout le monde, supporters, joueurs et même l’encadrement.
Financièrement Hajja Laaouissi a connu des moments difficiles. Mais sa notoriété a dépassé les frontières de sa ville. Le Roi Mohamed VI va même lui offrir un agrément de taxi. Ce fameux sésame qui permet d’être l’heureux propriétaire d’un taxi et d’en vivre.
Aujourd’hui, l’Hajja rêve de voir son équipe fétiche remporter le championnat national de football, après avoir remporté la Coupe du Trône pour la saison 2012-2013. Car il s’agit pour elle d’un des meilleurs clubs de football au Maroc.