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« Ai-je besoin d’un nutritionniste pour accompagner mon parcours sportif ? Que manger pour gagner en muscles ? Que faudrait-il éviter de consommer pour éliminer les graisses ? » Tant de questions que se posent beaucoup de sportives débutantes et professionnelles, et, auxquelles certaines trouvent des réponses, là où d’autres subsistent dans le doute. Ce type de problématique est très prisé par les femmes qui pratiquent le sport de manière intensive et dont le nombre a considérablement augmenté, au cours des dernières années. Ces questions sont principalement débattues dans les programmes matinaux et du soir des radios privées, qui reçoivent, fréquemment, des experts en la matière, pour y fournir des réponses basées sur un avis médical.
أخصائية التغذية
jennifer burk - unsplash

Leila, une jeune femme marocaine d’une vingtaine d’années, a commencé le sport de l’aérobic il y a peu de temps, elle a décidé de pratiquer ce sport afin de raffermir son corps et se débarrasser de quelques affaissements. Elle s’entraîne pendant des heures pour obtenir un résultat rapide et atteindre son objectif Cependant Leila n’accorde aucune importance à son alimentation et n’a jamais consulté une nutritionniste ou diététicienne depuis qu’elle a commencé le sport. Elle explique : “je ne crois pas que la quantité et le type de nourriture soient importants pour le sport”. “L’important est de s’entraîner rigoureusement pendant de longues heures et de suivre les instructions de l’entraîneuse. C’est le mode de vie que je suis” conclut Leila.

Walaa Badran, nutritionniste clinicienne et sportive jordanienne confirme que la présence d’un nutritionniste dans la vie des athlètes féminines leur permet d’atteindre leur plus haut niveau sportif. Elle considère que son rôle est essentiel et semblable à celui joué par l’entraîneur, selon sa description, elle souligne que :”une alimentation adéquate aide à la récupération physique, à l’endurance et à provoquer un changement dans les composants du corps (graisse, muscle…)”.

Walaa Badran, nutritionniste clinicienne et sportive jordanienne

Un certain nombre de pays de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont connu une demande croissante des femmes pour la pratique sportive ces dernières années. Aux Emirats Arabes Unis, et depuis la création du Comité des femmes et des sports en 2006, le nombre de citoyennes et résidentes pratiquant des sports a augmenté de 20 % par an. Tandis qu’en Arabie Saoudite, l’Autorité générale des statistiques a enquêté sur les préoccupations des familles saoudiennes en 2018 et a conclu qu’environ 2.94% des femmes saoudiennes font plus de 150 minutes d’exercice par semaine.

Le cas des professionnelles

Les débutantes ne sont pas les seules à être confrontées à la difficulté de s’interroger sur l’alimentation, c’est aussi le cas chez les professionnelles. La préparation de ce rapport a coïncidé avec le mois du Ramadan, au Liban, la joueuse de l’équipe libanaise féminine de Football, Taghreed Hamada, a été contrainte de  suivre un régime alimentaire particulier, son équipe “Académie de Beyrouth”, n’a pas modifié les horaires d’entraînement  en raison de la diversité religieuse et l’a maintenue à son heure habituelle de l’après-midi. “La nutritionniste m’a beaucoup aidé car le ramadan nécessite une alimentation particulière afin de maintenir la forme physique et éviter les blessures”, a déclaré Taghreed à Taja Sport.

Dans le même contexte et soulignant l’importance de la nutrition et le rôle d’un spécialiste de l’équilibre alimentaire, la nutritionniste jordanienne Walaa explique : “assimilons le corps à un bâtiment, et l’entraînement à des briques, afin de fixer la brique et la rendre plus résisistible aux changements météologiques, en place et plus solide qu’elle ne l’est, elle nécessite une base solide, Dans ce cas de figure, la nutrition est la base qui permet à la femme athlète d’être meilleure, plus forte, capable de réaliser de bons résultats”.

La joueuse de l’équipe libanaise féminine de Football, Taghreed Hamada

La championne d’Afrique de Muay Thaï en 2021, la marocaine Oumaima Abida, contrairement à Taghreed Hamada, ne travaille pas avec une spécialiste de nutrition depuis qu’elle a intégré le monde des arts martiaux il y a quelques années, Oumaima essaie d’équilibrer son alimentation et se coucher tôt mais elle regrette l’absence de nutritionniste qui l’aurait accompagner pour l’orienter vers certains comportements et habitudes pour bien préparer les tournois locaux et internationaux.

À cet égard, Walaa Badran déclare que dans les sports et les compétitions qui nécessitent  des catégories de poids comme la boxe thaïlandaise, la nutritionniste sportive a un rôle encore plus important puisqu’elle accompagne la joueuse jusqu’à ce qu’elle atteigne le poids voulu de manière saine, en plus d’aider les athlètes féminines à corriger leurs informations alimentaires et leur fournir des informations scientifiques correctes, veiller sur leur santé durant la période de voyage et les protéger contre les intoxications alimentaires.

 

 

“Je suis consciente du rôle important que joue une nutritionniste dans la vie d’une sportive professionnelle. Si j’en avais eu une, mes performances se seraient améliorées et les résultats auraient été meilleurs”, déplore Omaima Abida.

Selon Walaa Badran, cela est dû à l’absence de budget suffisant et de soutien nécessaire au sein de certaines équipes. Il en va de même pour les athlètes qui prennent à leurs charges personnelles le salaire de la nutritionniste.  “Le manque d’éducation et de sensibilisation sur l’importance de l’alimentation et le rôle du nutritionniste dans l’amélioration des performances sportives a laissé place aux fausses informations et favorisé la propagation de muftis dans le domaine”, prévient Walaa Badran.

 

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