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En tant que psychomotriciens, nous prenons en charge les troubles qui affectent à la fois les fonctions motrices et psychiques de l’individu. Nous sommes donc amenés à veilleur au bon développement psychomoteur des enfants. Or, ce développement psychomoteur dépend de nombreux facteurs : génétiques certes, mais également sociaux, éducatifs, affectifs… Ainsi, toutes les expériences sensori-motrices vont contribuer à l’enrichir. Toutes les fois où l’enfant va engager son corps, que ce soit pour attraper un jouet, découvrir une texture ou se redresser, il réalise des expériences et renforce ses acquis. Si l’on prend par exemple le fait de lancer un ballon, cela va nécessiter un grand nombre de prérequis : coordination de l’œil et de la main, équilibre, intégration du schéma corporel, et bien d’autres. Si tout se passe bien, la programmation et la réalisation de ce geste se dérouleront normalement. Malheureusement des troubles développementaux existent qui peuvent perturber les choses, et ceux-ci ne sont pas toujours détectés. Or, le sport a un rôle à jouer dans cette détection.
A travers le monde, le sport n’est encore pas suffisamment pratiqué par les filles, ni suffisamment reconnu dans ses apports, que cela soit pour des raisons culturelles, économiques ou sociales.
Tout le monde s’accorde à dire que la pratique du sport joue un rôle indéniable au niveau de l’état de santé des personnes, au point même que celle-ci peut être prescrites par des médecins au même titre qu’un médicament ou une rééducation. Mais ce que l’on ignore souvent, c’est qu’en l’absence d’activités physiques, certains troubles neuro-développementaux restent « sous le radar » et échappent au diagnostic médical.
Prenons à titre d’exemple le TAC (Trouble d’Acquisition de la Coordination) : ce trouble se caractérise par une incapacité à automatiser certains gestes, et se traduit par une grande maladresse. Figurez-vous qu’il se retrouve de façon quasi exclusive dans nos cabinets chez des garçons ! On considère en effet que les garçons seraient plus touchés que les filles sans que l’on puisse fournir d’explication.
J’ai toutefois reçu à plusieurs reprises de jeunes patientes entre 6 et 10 ans, qui consultaient initialement pour des problématiques liées à l’écriture ou bien à des difficultés de concentration, ou bien encore qui présentaient une certaine agitation. Il s’avérait à l’issue du bilan psychomoteur qu’elles présentaient les signes d’un TAC, et que les difficultés pour lesquelles elles consultaient n’étaient que des conséquences secondaires de ce trouble. Une fois le bilan établi, je leur propose les mêmes médiations que pour les patients garçons : par exemple du chanbara (combat d’épées moussées) ou de la boxe, qu’elles investissent tout autant et elles s’en débrouillent aussi bien !!
Le problème est donc le suivant : au prétexte que les filles seraient « moins fortes en sport » que les garçons, leur aptitude à rattraper un ballon importe peu à leur entourage adulte et n’inquiète pas. Si une fille n’est pas très adroite, aucun problème, du moment qu’elle a de bons résultats scolaires !! Tout cela est bien évidemment la résultante de notre histoire et de la place attribuée aux femmes dans nos sociétés patriarcales.
Un développement psychomoteur harmonieux ne doit pas être réservé aux garçons. Une maitrise efficace de son corps contribue à la confiance en soi, qui est la base de la maturité affective. La pratique du sport ne doit donc pas se faire en fonction du genre. Tous les enfants doivent pratiquer le sport, qui permet de détecter d’éventuelles fragilités du développement psychomoteur, mais aussi de favoriser l’estime de soi, d’améliorer la condition physique, et tant d’autres bienfaits.
Quant au choix du sport pratiqué par les filles, les parents nous demandent parfois ce que nous recommandons : la réponse est rapide. Celui qui leur plaira !!!