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Sport et menstruations : quel compromis pour les sportives de haut niveau ?

La question des règles chez les sportives de haut niveau demeure encore un tabou chez beaucoup de gens. Pourtant, des milliers d’athlètes doivent s’organiser, parfois en secret, pour qu’une chose aussi naturelle que les menstruations, n’impacte pas leur évolution professionnelle. Taja a posé la question à un spécialiste, Dr. Jamal Taoufik, Docteur en Sciences biologiques, qui nous explique l’impact réel des menstruations sur les performances sportives des femmes et prodigue des conseils aux sportives qui veulent continuer à s’entrainer pendant cette période.

Tout d’abord, les menstruations peuvent-elles avoir un réel impact biologique sur les performances des athlètes ?

La performance sportive est le résultat d’une période de préparations physique et mentale, généralement à cycle annuel, et dont l’aboutissement est le jour ou bien la saison de la compétition. C’est pour cela que l’impact varie en fonction de la phase au sein du calendrier sportif de l’athlète.  

En phase de préparation et en dehors de la compétition, cet impact des menstruations est petit, voire inexistant, à condition de tenir compte d’un certain nombre de critères. Notamment le facteur alimentaire et le rapport effort-récupération. 

Cependant, en phase de compétition, d’autres facteurs s’additionnent aux conditions générales de l’athlète, notamment le stress de la compétition, le fait de se tenir à un régime strict ou encore l’éloignement familial pour les jeunes athlètes. Ceci pourrait créer, entre autres, un dérèglement hormonal qui dans certains cas constatés, provoquerait une sorte de gêne qui risquerait de nuire à la performance physique et sportive de l’athlète. En effet, beaucoup d’athlètes déclarent avoir de l’appréhension quant à la survenue des règles.

Quelle solution vous semble la plus optimale afin de concilier règles douloureuses et pratique sportive ?

Cette question est très spécifique, d’une part à l’athlète et d’autre part au staff qui l’accompagne. La palette de la prise en charge est aussi diversifiée que la manifestation des règles chez l’athlète (douleurs, gêne mécanique, effets psychologiques ou autres). Donc cela dépond d’abord du corps médical qui suit l’athlète. Cela peut aller de la prescription d’antalgique tenant compte des réactions croisées avec certains produits dopant, à l’utilisation de la pilule contraceptive. 

Il a souvent été entendu dire que, pratiqué fréquemment, le sport pouvait faire disparaître les menstruations. Idée reçue ou fait avéré ? 

D’abord, il est important de préciser qu’il s’agit de sport de haut niveau où les dépenses énergétiques peuvent être parfois mal évaluées par rapport à la nutrition, mettant l’athlète vers un bilan azoté négatif par exemple, ou vers une carence vitaminique ou encore enzymatique. C’est ce qui expliquerait un éventuel dérèglement dans le cycle de menstruation, avec l’enregistrement de retard ou d’une oligoménorrhées, car le système d’ovulation dépend aussi de cette balance énergétique.

Conseilleriez-vous la pratique sportive durant la période menstruelle ? 

De manière générale je ne suis pas contre, sauf que comme je l’ai mentionné plus haut, il faudrait prendre en considération l’équilibre alimentaire et le rapport effort/récupération.

Au cas où cette période est accompagnée de fortes douleurs et en dehors de l’enjeu lié à la compétition, je propose que cette période soit une période de récupération. C’est d’ailleurs l’intérêt de la programmation de l’exercice physique en termes d’intensité, de volume, de spécificité et de récupération, et cela même quand on est un sportif du week-end. 

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