“Dans le sport, on est là pour gagner (…), parler de choses qui relèvent de l’intimité, qui peuvent pourtant avoir un impact sur la performance, parler des cycles, des douleurs de règles, est souvent mis entre parenthèses par rapport à une douleur articulaire ou un autre symptôme”, a expliqué mercredi la médecin au cours d’une conférence de presse organisée par la Ligue féminine de handball (LFH) et son partenaire Lidl.
Quand la douleur est légère, l’entraînement peut “la faire disparaitre avec la sécrétion d’endorphines” mais quand elle est “sévère”, il doit y avoir un avis médical”, a-t-elle dit aux côtés de la LFH et de plusieurs joueuses. Pour le pivot de Nantes, Manon Loquay, le sujet est encore très discret : “on en parle beaucoup dans le vestiaire entre coéquipières mais pas avec le staff”.
Entraîneur de Bourg de Péage Drôme Handball, Camille Comte reconnait de son côté qu’il “n’était pas sensibilisé au sujet”. “Même dans les formations d’entraîneurs, on ne distingue en rien la pratique masculine de la pratique féminine”, explique-t-il. “Si on arrive à montrer que cela a un impact sur la performance sportive, ou la blessure, peut-être qu’une partie des entraîneurs va se dire: on va gagner plus de matches et une autre partie: il y a un vrai truc santé”, a-t-il expliqué, demandeur de données scientifiques sur le sujet.
Justement, “les entraîneurs n’ont pas de données”, explique la chercheuse Juliana Antero, qui travaille à l’Insep sur le projet “Empow’her” avec les sportives en piste pour les JO de Paris 2024. “Le cycle menstruel entre dans les paramètres (comme la nutrition, le sommeil) pour la construction de la performance”, explique-t-elle et “on identifie des fenêtres optimales”. Par exemple, il est plus facile de prendre de la masse musculaire à un certain moment du cycle menstruel.
Pour la présidente de la Ligue féminine de handball, Nodjialem Myaro, l’idée est que “les jeunes filles de demain l’intègrent dans leur performance”.
L’absence de règles — qui vient parfois de la pratique sportive — peut entraîner “des fractures de fatigue”, a aussi précisé Carole Maître. “Il y a une grande tolérance des symptômes gynéco (douleurs de règles, céphalées, tensions mammaires, prise de poids, troubles de l’humeur et du sommeil) par rapport aux symptômes musculaires ou articulaires”, a-t-elle ajouté.