A l’université, Tala Abujbara passait la majeure partie de son temps sur le terrain de basket-ball, mais un entraîneur d’aviron qui avait repéré le potentiel de l’étudiante “grande et athlétique” lui a proposé de troquer le ballon pour des rames.
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A 28 ans, la jeune femme se rendra aux Jeux olympiques de Tokyo avec l’intention de montrer qu’elle a sa place sur la ligne de départ, comme elle l’avait fait en participant aux Championnats du monde 2019 de Linz, en Autriche.
“Se qualifier était une étape énorme. Et maintenant, il faut juste y aller”, confie à l’AFP l’athlète, alors qu’elle se prépare à un entraînement sur un canal artificiel de la capitale Doha, dans la chaleur suffocante de l’été.
Tala Abujbara, qui a étudié aux Etats-Unis, a commencé à se faire connaître en 2018 en remportant l’or au deuxième championnat arabe d’aviron organisé par une autre monarchie du Golfe, le Koweït.
Photos Credits: Karim Jaafar AFP
“Je pense que lorsque j’ai commencé à ramer, je ne savais même pas ce qu’était l’aviron”, se souvient-elle, derrière ses lunettes de soleil bleues.
“Cette idée de me qualifier pour les Jeux a fait son chemin et je travaille dans ce sens depuis quelques années maintenant”, raconte la jeune femme en t-shirt gris à manches courtes et leggings noirs.
De retour au pays, Tala Abujbara a dû complètement réapprendre à pratiquer son sport. Habituée à l’aviron de pointe et à ramer dans une embarcation de huit, elle a été forcée de se mettre au skiff, une embarcation pour une seule rameuse, au Qatar.
“Après avoir obtenu mon diplôme, je suis rentrée ici et il n’y avait personne d’autre, alors je n’avais pas d’autre choix que de ramer seule”, s’amuse-t-elle.
“Pour être honnête, j’ai encore du mal à m’y faire. Je pense que j’ai toujours été une athlète de sport d’équipe dans l’âme. C’est donc probablement le plus grand défi”, confie Tala Abujbara, disant toujours imaginer ses coéquipiers à ses côtés.
Dans ce pays musulman conservateur du Golfe, Tala Abujbara, dont la sœur fait partie de l’équipe nationale d’escrime, est toujours restée “discrète” sur ses ambitions.
“J’ai ramé très, très discrètement, la plupart du temps, en venant ici faire mon truc, sans faire beaucoup de bruit. Peu de gens étaient au courant”, explique-t-elle.
Au Qatar, elle a travaillé à la célèbre Académie Aspire, un immense complexe sportif destiné à former des champions dans diverses disciplines. “C’était génial, car mes collègues étaient des scientifiques du sport et des entraîneurs”, se souvient-elle.
L’un d’entre eux, dont la femme était entraîneur d’aviron, s’est rendu compte qu’il y avait de bonnes chances qu’une personne de la région puisse se qualifier pour les Jeux.
“Ils ont donc mis cette idée dans ma tête il y a longtemps”, dit Tala Abujbara, dont les projets ont été perturbés par la pandémie de coronavirus, comme ceux d’autres athlètes dans le monde.
“Le plan était d’obtenir ma maîtrise et d’essayer de me qualifier pour les Jeux, d’y aller si tout allait bien, avant de commencer mon travail (de consultante)”, dit-elle.
Avec le report des Jeux d’un an, de 2020 à 2021, à cause de la pandémie, les plans de Tala Abujbara ont changé et elle a dû concilier son activité professionnelle avec sa passion pour l’aviron. “Cela a donc été un défi”, raconte la rameuse.
L’athlète se dit “heureuse” d’avoir réussi ce pari, grâce à des semaines de 80 heures mêlant travail et aviron pour obtenir une place à Tokyo. Mais Tala Abujbara veut rester modeste, se disant “loin d’être un espoir de médaille”.
L’important, dit-elle, est de “reconnaître qu’il y a des femmes incroyables qui font des choses extraordinaires dans ce sport. Je veux faire de mon mieux pour montrer que j’ai ma place là-bas”, insiste-t-elle.